Dans cet épisode du Haven Kafé, nous discutons avec Mat Latour-Duhaime, concepteur artistique ici chez Haven. Oui, cela veut dire que nous verrons de superbes œuvres d’art dans cet épisode! Mais qui n’ont rien à voir avec notre projet actuel - pour cela, vous devrez patienter encore un peu. Lisez la suite pour connaître le parcours qui a mené Mat chez Haven, ses passe-temps et son super pouvoir très particulier.
Commençons en grand avec cette œuvre :
Vous avez peut-être vu celle-ci sur notre site Web!
HK : Tu as une tonne d’expérience comme artiste – peux-tu nous raconter comment tout cela a commencé?
Je me souviens d’avoir toujours dessiné, et je n’ai jamais arrêté. Durant mon enfance, je savais déjà que je voulais trouver une façon de vivre du dessin. Et quand j’ai commencé à envisager des carrières potentielles, j’ai d’abord pensé à… architecte ou graphiste, peut-être. J’ai finalement abouti en animation traditionnelle, où j’ai appris comment animer à l’ancienne en créant des univers, des personnages et des environnements.
Il y a quinze ans, il n’y avait pas autant de possibilités de carrière en conception de jeux vidéo qu’aujourd’hui. Quand l’industrie des jeux vidéo a vraiment commencé à prendre de l’essor à Montréal, j’ai entendu parler d’un rôle appelé concepteur artistique et j’ai tout de suite su que c’était pour moi. Je n’avais aucun contact dans l’industrie, donc j’ai gravé mon portfolio sur un DVD (pour vrai, c’était vraiment comme ça que ça fonctionnait!) et je suis allé cogner à la porte de tous les studios de Montréal pour distribuer mes disques. Puis EA ont regardé mon DVD et m’ont engagé!
Au début, je dessinais à la main sur du papier, je numérisais le tout sur le seul appareil qui se trouvait dans une autre aile du bâtiment, je me l’envoyais par courriel et j’ajoutais les couleurs avec une bonne vieille souris ordinaire. Je me suis ensuite procuré ma première tablette à dessin et j’ai appris à peindre directement dans Photoshop. Il n’y a clairement pas un outil qui peut tout faire, mais certains sont définitivement plus efficaces que d’autres.
Un des tout premiers concepts de Mat dans l’industrie des jeux vidéo (2007)
HK : Et comment crayon et papier t’ont-ils amené jusque chez Haven?
C’est la troisième fois que je me joins à un studio en démarrage. J’aime le chaos et l’incertitude qui règne lorsqu’on part de rien – il y a tellement de possibilités. En plus, cette fois-ci, j’ai eu la chance de le faire avec des gens en qui j’avais déjà confiance et que je considérais comme mes amis, ce qui est clairement un plus.
Cela me rappelle en fait comment débute mon processus de conception artistique : une page blanche, une tonne d’énergie et plein d’idées, puis aider à transformer tout cela en quelque chose de tangible et de réel sans avoir à se préoccuper d’un quelconque « bagage ».
Magnifique, cette sweet Cintiq!
HK : Le studio a grossi rapidement au cours de la dernière année – comment décrirais-tu ton travail chez Haven?
C’était super de pouvoir retourner dans un bureau avec des gens! Nous devions évidemment travailler à domicile durant la pandémie, et j’adore le fait que nous pouvons continuer de le faire lorsque nous avons besoin de calme pour penser et créer. Mais je m’ennuie d’être assis avec d’autres personnes à brasser des idées de façon plus naturelle. Après toutes ces vidéoconférences, cela fait du bien de rassembler quelques personnes autour d’un tableau blanc et de se concentrer à créer quelque chose d’original.
En pleine réflexion durant un atelier! (On ne regarde pas l'arrière-plan, pas de triche!)
HK: Est-ce que tu as remarqué nos valeurs en action?
Je dois l’avouer : au départ, la valeur de « gentillesse » me semblait quelque chose de plutôt évident. Mais plus on la vit, particulièrement en période de stress, plus on voit que ce n’est pas toujours le cas. C’est là que nous voyons chaque personne faire un effort concerté pour rester gentille avec les autres. Pour un concepteur artistique, lorsque vous devez mettre tout votre cœur dans chaque œuvre, et que naturellement vous ressentez cette peur de déplaire que ressentent tous les créateurs, cette valeur transparaît vraiment dans un environnement où vous n’avez pas peur de prendre des risques, de faire des erreurs et d’essayer encore plus de choses vraiment bizarres!
HK : Lorsque tu n’essaies pas des « choses vraiment bizarres », que fais-tu?
Beaucoup, beaucoup de promenades avec mon chien. J’ai un border collie débordant d’énergie qui adore marcher durant des heures. J’ai visité presque toutes les ruelles et tous les parcs de la ville dans mes aventures après le travail.
Mon autre passe-temps est le vélo d’hiver. Je suis un de ces fous que vous voyez sur un vieux vélo de ville avec une combinaison et des lunettes de ski. On dirait que le vélo d’hiver gagne en popularité. Montréal entretient un nombre croissant de pistes cyclables chaque année durant l’hiver, et il y a de plus en plus d’ateliers spécialisés où l’on peut amener son vélo pour le nettoyer un peu et enlever toute la neige et la boue.
Balou qui veut se promener
Vélo d’hiver qui veut rouler
HK : À part être un fou de vélo en hiver, quel est ton super pouvoir?
Dans le cadre de mon travail, je dirais lire dans les pensées des gens! Avant d’appeler les autorités, laisse-moi t’expliquer. Quand je travaille avec un.e directeur.ice artistique ou un.e directeur.ice de la narration, ils ont quelque chose en tête, ils ont peut-être noté des mots ou quelques références, et mon travail est de regarder dans leur tête et de trouver une façon de transformer tout cela en images. Il me faut parfois un certain temps avant d’y arriver, mais une fois que je connais quelqu’un assez bien, j’ai l’impression que je peux tout simplement… prendre ses rêves en photo et les imprimer.
HK : C’est fantastique – mais s’il te plaît, jamais de photos de mes rêves. Raconte-nous à quoi ressemble une journée ordinaire pour toi.
Je me réveille, je bois un premier café, puis un deuxième, je regarde des références et inspirations, je prends un troisième café, puis je laisse ma créativité aller et je commence à dessiner. Une des choses que je préfère de la conception artistique, c’est que chaque jour peut être vraiment différent des autres : une journée vous travaillez sur des accessoires de mode, le lendemain vous étudiez le design industriel, puis le surlendemain vous faites de l’architecture de conception. Il vous arrive de peindre un paysage en 2D, puis tout de suite après, de devoir sculpter et représenter un objet en 3D. Chaque concept art exige d’apprendre une tonne de références diverses qui changent en fonction du mandat. La seule véritable constante, c’est que vous devez obtenir un excellent résultat, et ne pas trop vous attacher à quoi que ce soit parce qu’il y a toujours place à l’adaptation, à l’ajustement et à l’amélioration.
« Industrial Madness », projet personnel (2018)
« Floating Droid », projet personnel (2016)
HK : Qu’est-ce qui t’inspire le plus au sujet de l’avenir chez Haven?
Avant, nous devions souvent renoncer à certaines idées à cause de contraintes techniques, mais maintenant que les choses évoluent à toute vitesse, on dirait que tout est possible. Les outils gagnent en performance et en rapidité chaque jour, et le plus beau, c’est que grâce au libre accès, tout le monde peut accéder gratuitement à un grand nombre de ces outils.
Apprendre à utiliser des logiciels 3D pour la conception était beaucoup plus difficile avant, mais les outils modernes sont beaucoup plus intuitifs et se rapprochent beaucoup plus de la sculpture. Les barrières techniques tombent et laissent plus de place à la créativité à l’état pur, ce qui se traduit par un meilleur lien entre votre imagination et l’écran.
Joignez-vous à nous lors de notre prochain épisode, où nous discuterons avec Élise Brosseau, notre directrice des RH, de ce qui l’a motivée à se joindre à l’aventure Haven et de sa vision de son rôle!